Élève libre
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La question qui taraude Elève libre est celle des limites. «C’est sur l’espace intime et la façon dont on peut le préserver aujourd’hui, dans une société où la liberté est assimilée à la transparence, au tout dire, etc. Les adultes du film ont l’idée que la jouissance va les mener vers le bonheur. Ils théorisent pour cacher leur incapacité à être dans le lien et dans l’affection. Ce qu’ils ne transmettent pas à Jonas, c’est l’aptitude à vivre avec le manque, la frustration, et à s’inscrire dans le lien.»Pourtant, Jonas est libre et le «lien pervers», pour reprendre le terme de Lafosse, qui se tisse avec Pierre se joue à deux. Aussi bien, dans son travail de transmission au spectateur, le réalisateur a voulu et su éviter l’écueil dénoncé plus haut de la castration. A chaque plan, dans chaque cadre, Lafosse offre son regard, comme un dialogue, une question. Nous laisse juge à chaque nouvelle proposition qui fait avancer son récit : «Film moral, dit-il, mais pas moraliste», où l’on a tout le temps de se sonder, de se dégoûter, de se pardonner ou de s’éprouver, voire d’un tout petit peu progresser. Un miroir laissé à notre entière discrétionsource : libération.fr |